Dédicace de YSL du livre de BillyBoy* dans le catalogue de l'exposition française du Théatre de la Mode
La saharienne, un modèle classique de YSL
Le caban marin toujours très chic, mis dans la garde-robe des femmes par YSL.
Cet ensemble magnifique fut porté au défilé par Miss Afrique.
Le mateau long pour le soir, un autre classique YSL.
Yves Saint Laurent avec BillyBoy*, anniversaire de Bettina chez Régine.
Mdvanii "Oiseau de Feu" porte haut la flamme Yves Saint Laurent a qui elle rend un vibrant hommage.
Edie de BillyBoy* & Lala, rend un hommage encore plus direct avec sa robe "Mondrian"
Edie "L'Aventura", porcelaine, 1998.
Au revoir Monsieur Saint Laurent
Le tout jeune Yves Saint-Laurent à ses débuts chez Dior.
Je me souviens parfaitement du jour où BillyBoy* m'annonça avec une joie et un étonnement indescriptibles que Monsieur Saint Laurent avait accédé à sa requète en acceptant d'habiller la poupée Barbie. C'était au tout début d'une grande aventure. BillyBoy* venait de finir le premier livre "sociologique" consacré à l'héroine de vinyl, dont il possédait une époustouflante collection. Vers cette époque, une amie voyante, cliente des Surreal Bijoux de BillyBoy* qu'elle choisissait avec un soin mystique dans notre atelier de la rue de la Paix, m'avait prédit au sujet de BillyBoy*, "un énorme succès". Elle avait eu, en flash, la vision d'une "couronne". Curieusement, quelques mois plus tard, par l'entremise de Jackie Onassis qui avait reçu le manuscrit pour Doubleday, celui-çi fut signé par...Crown Publishers et devint un best seller traduit en de nombreuses langues, dont le japonais et le finnois.
C'est tout naturellement que lui était venue l'idée de faire habiller en haute couture, la poupée Barbie, alors bimboisée à outrance, en pleine perdition lycra et tulle de princesse rose fluo. Le sujet et l'intérêt de son livre était justement de replacer l'histoire de Barbie dans le contexte culturel de ses époques et de l'influence que la mode parisienne avait eu sur elle. Cela démarra comme un pari, porté par l'enthousiasme de notre amie Bettina Graziani. La première création fut signée par Christophe de Mesnil, femme du monde et mécène d'art à la tête d'une des plus stupéfiantes collections d'art au monde (laquelle venait de remplir le Petit Palais) et qui créait à New York des robes pantalons fluides et luxueuses au début des années 1980, accessoirisés par les bijoux de Claude Lalanne. Les secondes le furent par Emanuel Ungaro, que nous avions rencontré chez son ami l'écrivain Yves navarre qui habitait alors le Marais et qui nous avait invités à dîner: il était très fier de faire découvrir à BillyBoy* une "araignée" de boeuf, morceau de choix qu'il avait cuisiné lui même.
On peut dire sans risquer de se tromper que Yves Saint Laurent, maitre absolu de la mode à cette époque était alors la locomotive de la haute couture et du luxe à la française. Lorsqu'il accepta d'habiller Barbie, c'est bien évidemment tout le train de la haute couture et des créateurs qui suivit, de gré ou de force! A cette époque, Christian Lacroix, alors tout jeune styliste, bousculait de ses créations baroques et iconoclastes la mythique maison Jean Patou plongée dans une somnolence de conte de fées, Jean-Paul Gaultier venait de créer sa jupe pour homme et Thierry Mugler et Claude Montana transformaient les défilés en grands spectacles d'un genre nouveau.
Ce petit catalogue de l'exposition française du "Nouveau Théatre de la Mode" et de la Rétrospective Barbie de BillyBoy* a été imprimé en des centaines de milliers d'exemplaires qui furent offerts aux visiteurs. C'est un charmant complément au livre best seller de BillyBoy*, tous les deux des collectors.
Il faut savoir que l'idée
de s'adresser au monde des couturiers et créateurs pour un projet aussi
sérieusement farfelu que celui d'habiller Barbie (et auquel jamais
personne n'avait pensé avant lui), cette poupée de 27 centimètres
femme-objet et princesse fluo acceptant non seulement de jouer le jeu mais de
créer sur Barbie les modèles-phare de sa carrière, Yves Saint Laurent
donna au projet l'impulsion décisive qui devait faire de ce projet une
réussite exemplaire. Le train de la haute couture et des créateurs dans
sa quasi totalité suivit, accroché à la locomotive YSL Ce projet devint
une exposition historique, que BillyBoy* intitula "Le Nouveau Théatre de
la Mode", en hommage au Théatre de la Mode d'après guerre. Un train, un
vrai, celui-là, sillona la France entière avec cette collection, puis
fit de la même manière le tour des USA. Andy Warhol fit à cette occasion
et à la suggestion de BillyBoy*, le portrait de Barbie (son titre:
"Portrait of BillyBoy*"). Elle fut sa dernière icône américaine.
Publiée dans le petit catalogue français, puis anglais distribué
gratuitement lors des deux expositions produites par Mattel, la dédicace
que Yves Saint Laurent offrit à BillyBoy* fut lue par d'innombrables
visiteurs. Le train de cette haute couture en miniature conduit par la
locomotive YSL toucha des millions de personnes dont la vie était
souvent à des années lumière de la haute couture parisienne. Lorsque le
livre parut, dans ses nombreuses éditions, la merveilleuse dédicace
d'Yves Saint Laurent ouvrit, à chaque fois, la partie "haute couture"
qui dévoilait la poupée Barbie habillée par les plus grandes maisons de
couture et par tout ce qui comptait de créateurs à l'époque. C'est à ce
jour, un témoignage unique au monde de la mode à un moment relativement
préçis des années 1980, toute une époque en miniature sur des poupées.
Le catalogue de la tournée US du Nouveau Théatre de la mode de BillyBoy*. On y voit aussi quelques modèles qui ne sont pas illustrés dans le livre "Barbie, sa vie son époque"
Je me souviens de la sublime exposition au musée Jacquemard-André des robes de cour et modes de la russie impériale, collection provenant de l'Hermitage à Moscou, entièrement sponsorisée par Yves Saint Laurent, une des plus magnifiques expositions de mode historique que j'aie pu voir et une des dernières réalisations du talentueux Stephen de Pietri, en charge des archives YSL. Puis en 1994, à la soirée d'anniversaire de Bettina Graziani chez Régine, une des rares sorties privées/publiques où l'on vit un Yves Saint Laurent rayonnant avec qui tout le monde voulait être photographié, de Kylie Minogue à Etienne Daho et autres admirateurs, tous heureux de voir le maitre se prêter au jeu du portrait avec une grâce affable et timide à la fois.
Curieusement, je n'ai jamais assisté en personne à un défilé de haute couture Saint Laurent, alors que 'en aurais eu la possibilité, BillyBoy* y allant souvent avec notre amie Bettina. Quel dommage et quel regret, d'autant plus que j'assistais souvent à de nombreux défilés, car nous faisions régulièrement des créations pour les défilés de grandes maisons de couture ou pour les designers: Emmanuel Ungaro, Hanae Mori, Bernard Perris, Francesco Smalto,Thierry Mugler... Croire que j'ai tout le temps devant moi a toujours été mon principal défaut car rien n'est plus faux évidemment. C'est une chose que je regrette vivement, car les défilés de Yves Saint Laurent étaient uniques en leur genre, par leur élégance intemporelle, leur luxe raffiné, une célébration de la grâce féminine sans aucun tape-à-l'œil, dans la meilleure tradition de la Haute couture dont il fut le dernier prince.
Ma seule rencontre directe, si l'on peut dire, avec Yves Saint-Laurent, mis à part la fête d'anniversaire de Bettina chez Régine en 1994, est assez curieuse et je dirais même, presque métaphysique. C'était un soir au Palace, au tout début des années 80, j'étais encore célibataire et en plein dans ma période androgyne à perruque (don't ask!). C'était en semaine, assez calme donc, je me souviens de rien sauf que je m'étais isolé à l'étage dans un petit coin salon du balcon où l'on peut tranquillement observer la foule en mouvement sur le dance floor. J'étais presque seul à cet endroit lorsque je vis descendre Yves Saint Laurent avec une bande de de beaux garçons, qui se sont tous assis en face de moi après m'en avoir demandé si cela ne me dérangeait pas. Ils cherchaient visiblement un coin discret pour rouler des joints, ce qu'ils firent aussitôt. J'avais rendu son sourire de timide à Mr Saint Laurent en disant juste "mais je vous en prie", comme on le ferait à une idole ou à une royauté qu'on ne veut pas importuner, sans montrer mon étonnement en aucune façon. Cela dura un certain temps, puis tout le monde se leva et un compagnon de Mr Yves Saint Laurent me donna au passage, avec le plus graçieux sourire de monde, le joint qu'il venait d'allumer. Je n'eus pas le temps de dire quoi que ce soit et je me souviens, moi qui ne fumais pas, l'avoir savouré avant de quitter le Palace qui soudain n'avait plus aucun intérêt. C'était comme cela le Palace. Il s'y passait des choses extraordinaires, un état de grâce où tout semblait possible dont se souviendront toujours ceux et celles qui l'ont connu.
Sur une note également curieuse, vers le milieu des années 80, mon amie Dorothée Lalanne m'avait informé que Vogue cherchait un jeune homme ressemblant à YSL jeune pour un reportage, et comme elle m'avait souvent dit, à l'époque où je portais des lunettes 50s très similaires à celles qu'il portait à son époque Dior, elle insista pour me faire rencontrer le photographe David Seidner (qui avait signé la campagne pour le parfum Paris de SYL et qui plus tard devait photographier les poupées du Théatre de la Mode de l'après guerre pour un livre publié par Tashen). Nous nous rencontrames dans un café des Halles, il m'offrit gentiment un café et nous bavardames de choses et d'autres, il était assez réservé et moi aussi et je ne me souviens absolument pas de quoi nous avons parlé. Je crois que je n'ai pas dû lui convenir esthétiquement car je n'ai pas eu de signe de lui ensuite et je n'ai plus jamais entendu parler de ce projet, qui peut-être ne se fit pas. Des années après, alors que j'étais en couple avec BilyBoy*, je m'amusais en croisant Seidner, qui semblait toujours très gêné avec moi, moi je m'en fichais pas mal de cette histoire, mais c'était un new yorkais à Paris, photographe de mode, donc de la catégorie plus snob qu'un parisien mondain... Il est mort du sida au début des années 90, comme beaucoup d'artistes et d'amis gay à l'époque qui n'ont pas eu la chance de connaître l'arrivée des tri-thérapies.
Yves Saint Laurent n'était pas seulement un maitre et un génie de l'histoire de la mode, mais il était quelqu'un que j'admirais personnellement et j'ai toujours considéré qu'il faisait partie de mes intimes, de ma famille de coeur et d'esprit, comme les artistes, écrivains, musiciens qui m'ont révélé à moi même: Alexandre Dumas, Charlotte Bronté, Tennessee Williams, Salvador Dali, Michel Polnareff, à ses débuts, et plus tard le galm rock, Marc Bolan, Roxy Music et bien sûr David Bowie. puis à l'aube des années 90, la merveilleuse découverte de k.d Lang.. Peu d'opéra, on le voit....Ah si Maria Callas, mais c'est une autre histoire.
Je me souviens de mon adolescence lorsque, le seul dans ma petite ville de province, je portais sa première Eau de toilette pour hommes (que ne donnerais-je pas pour en retrouver un flacon, quelle madeleine de Proust!) . Elle avait été lancée à la même époque que le fameux portrait de Jean-Loup Sieff qui fit scandale car il y posait nu, assis en tailleur, et j'avais trouvé cette photo absolument magnifique.
C'était une époque où, pour un adolescent qui se savait amoureux de la beauté masculine, et donc totalement isolé et livré à lui-même, il n'y avait pas de relai autre que culturel, une chose que l'on a peine à imaginer aujourd'hui à l'heure d'internet. C'était en tous cas, le mien. Cette photo était comme un message dans une bouteille, un clin d'oeil confidentiel et un rappel constant que la vie est toujours bien plus grande qu'elle en a l'air, une fenêtre ouverte sur le monde, les rêves et l'espoir de la liberté. Merci Monsieur Saint Laurent, merci Yves!
Lala J.P Lestrade, 2009-2012
En 2010, BillyBoy* & Lala ont réalisé cette vidéo en hommage à Yves Saint Laurent sur la chanson "L'amour n'a pas de prix", composée et interprétée par Lala, enregistrée en 1993. Avec Mdvanii, mise en scène dans la maison de poupée créée par Jacques Grange pour les poupées Barbie habillées par YSL. Ce décor reproduit celui de la maison YSL avenue Marceau.