Dans le Tome II, ont voit Jacky et Mily se fréquenter. Dans le Tome III ils se fiancent et dans le Tome IV....ils se marient bien sûr!
Nous Deux, "L'hedomadaire qui porte bonheur". Il est le seul qui continue à être publié aujourd'hui, avec un égal succès. Le style, les histoires et les thèmes ont bien sur évolué mais le principe reste le même: tout finit par un baiser!
Françoise Sagan et Mily on toutes deux un manteau de fourrure... vraie ou fausse, chacune son style.
Epoque des années twist
Epoque des années Pop influence Vassarely
Epoque des années Pop influence avenue Montaigne
Qui est la fille, qui est le garçon?
L'engouement des femmes pour les vêtements masculins, tels que pantalons et autres éléments de la garde-robe jusque là réservés aux hommes, devint très répandu dans les années soixante. Naturellement, Mily se devait de suivre cette tendance, comme avec le modèle Sport. Il se composait de pantalons moulants, d'une blouse à col roulé et d'une veste style gilet, droite et sans manches, en cuir. Un exemple parfait de style "mod" du tout début, fin beatnik, il avait comme accessoire une grosse montre en pendentif, un petit clin d'oeil rétro plutôt stylé.
Mily, dans son ensemble Sport, prenait plaisir à son apparence unisexe: c'était une façon nouvelle très excitante de s'habiller et puis, une fois de plus, c'était "dans le vent": elle confie à son Journal qu'elle ressemble "tout à fait à un vrai garçon", faisant écho à la fameuse chanson "Comme un garçon" de Sylvie Vartan. Deux ans plus tard, cette tendance était devenue une réalité chez tous les adolescents français. A un certain point, Mily remarque: " ...les touristes marchent lentement le long de la Promenade des Anglais....les beatniks aux longs cheveux semblent être partout ces derniers temps, la guitare au dos et des craies de couleurs la main. La guitare et les craies paieront leur séjour et leur voyage de retour. Des retraités, assis tranquillement sur les bancs, les regardent d'un air médusé et s'interrogent: qui est la fille, qui est le garçon?". Celui qui a les cheveux en baguettes de tambour et des pantalons de cowboy, c'est la fille à coup sûr, celui qui a les cheveux bouclés et la blouse à fleurs roses et vertes, c'est le garçon. C'est évident, non?"
La vie merveilleuse de Mily
Les livrets intitulés "La vie merveilleuse de Mily" étaient remplis d'anecdotes révélatrices du milieu petit-bourgeois/français moyen, à la fois parisien et provincial qui est celui de Mily. Dans son Journal, elle dévoilet l'évolution de ses sentiments et comment, après une année de fréquentation courtoise, elle se décide à épouser Jacky. L'écriture est presque poétique dans sa manière pensive et sentimentale. Elle révèle une attitude réservée, pleine de charme, non dénuée de caractère car Mily a vraiment sa personnalité à elle. On peut constater que Mily est une poupée pleine d'attentions, une conception assez rare et même originale dans le monde des poupées. Dans ces petits catalogues on pouvait lire: "Mily sera votre amie. Vous vous reconnaîtrez en elle. Ses aventures, ses désirs, ses espoirs, se confondront avec les vôtres et ses aventures vous deviendront bientôt si familières que vous ne saurez plus si c'est elle ou vous-même qui les avez vécues".
Les histoires qui égrènent le Journal de Mily lui apportent une touche réellement humaine et dessinent un profil psychologique qui lui est si particulier et qui la différencie des autres poupées mannequins de son époque. Lorsque le quatrième tome du Journal fut rédigé, Mily épousa son fiancé Jacky. Ceci est un phénomène assez rare et inhabituel dans le monde des poupées, car s'il existe des millions de robes de mariées, celles à qui elles sont destinées ne sont jamais officiellement passées à l'acte. A croire que comme l'irrésistible héroïne du film Muriel ( la parfaite Toni Collette), elles se contentent d'en rêver en les essayant dans des boutiques prénuptiales…( bien qu'il existe une documentation officieuse du mariage de Ken et Barbie, malheureusement officiellement rejetée par Mattel - peut être une bonne chose après tout puisque Ken est out depuis que Barbie a un nouveau boyfriend, un surfer australien assez fade et de style assez gay, affublé du nom par très australien de Blaine).
T'es plus dans l'coup papa!
La façon dont sont rédigés ces mini-catalogues fait penser aux romans photos pour adolescentes et femmes au foyer, un point essentiel du concept de Mily. Les romans-photos comme Nous Deux, Confidences et bien d'autres étaient une véritable institution, omniprésents à l'époque, particulièrement dans les pays latins: ces histoires d'amour mettant en scène une jeune fille chaste et pure et un jeune homme idéal à la peau lisse et coeur à prendre, avec toutes sortes d'embuches et de complications menant un dénouement final toujours heureux, passionnaient des millions de femmes et d'adolescentes et n'avaient que les soap operas des TV anglo-saxonnes comme équivalents. Les aventures de Mily avaient ce coté romantique et fleur bleue qui était si caractéristique de l'époque, toutes pareilles à ces chansons à l'eau de rose de l'époque twist qui sublimaient la quête d'amour d'une fille de classe moyenne aux yeux pleins d'étoiles: le consumérisme et la recherche forcenée du bonheur marital y faisaient bon ménage dans le joyeux paradis des pavillons de banlieue, une réalité magistralement rendue dans "Roses à crédit" d'Elsa Triolet. Malgré tout, les conventions du monde des parents ne manquaient jamais d'apparaître comme vieillottes, comme résumées par la chanson de Sheila “T’es plus dans l’coup, Papa”.
En dépit de l'accent mis sur l'intelligence de Mily, elle reste une jeune fille de la classe moyenne, avec des réflexes et un comportement de petite bourgeoise. Pourtant, elle a de nombreux points communs avec l'héroïne du roman qui propulsa la toute jeune Françoise Sagan à une notoriété aussi sensationnelle que sulfureuse: Bonjour Tristesse. Dans ce roman qui symbolise toute une époque, la révolte et le mal de vivre d'une certaine jeunesse, l'héroïne conduit trop vite sa voiture de sport, fume des cigarettes et boit du whisky, et se trouve complètement coupée de sa famille qui ne la comprend pas. Par certains aspects, Mily a quelque chose de ce personnage: un peu coquine ou même sarcastique, un peu rebelle, une vraie James Dean en jupons! Quand Mily fait allusion à la Triumph rouge de Jacky, c'est au roman de Françoise Sagan que l'on pense.
Intelligente, mais bien élevée et pas trop libérée.
Publier les points de vue de Mily à l'époque était une entreprise somme toute assez risquée pour Gégé, puisque chaque mot et chaque phrase devait être pesé soigneusement: elle ne pouvaient pas, en effet, se permettre d'aliéner les parents qui l'achetaient pour leurs enfants, mais en même temps elle ne pouvait paraître archaïque au point de lasser son public cible. Les vues romantiques de Mily devient titiller et passionner ses jeunes lectrices, sans scandaliser les parents. Son journal mettait donc l'accent sur le fait que Mily était intelligente mais bien élevée et pas trop libérée.
Mily, idéale héroine de roman-photo, pourrait inspirer un genre à part: le roman-photo de modes!
Ce catalogue des Galeries Lafayettes de 1965 révèle tout l'univers de Mily
Avec les Jeux Olympiques de Grenoble, les sports d'hiver devinrent furieusement à la mode.
Une "horrible petite bourgeoise"
Les années 1966 à 1970 furent très importantes, car elles connurent un changement notable, non seulement pour la société française mais aussi le monde des poupées.
L'outil de communication que représentaient les mini catalogues et son Journal, permirent à Gégé de transmettre, de façon claire et simple, les points de vue de l'époque. Cela permit la justification d'une garde-robe de haute-mode sans faire paraître Mily pour une femme objet dépourvue de cervelle. En 1968 elle eut même les habits officiels pour participer aux Jeux Olympique de Grenoble (Baby fut enfin débarrassées de ses hideuses couettes pour pouvoir porter un casque de compétition). Les Français, en plein bouleversement de société, n'auraient pas loupé au tournant une poupée colportant les idées d'un système attaqué de toutes parts.
Mily, à sa façon, prit le relai des idées de la jeunesse étudiante de mai 68 en pleine contestation, qui aboutit à la démission du président Charles de Gaulle. Dans le premier Journal, quand elle commence à sortir avec Jacky, celui-ci la traite "d'horrible petite bourgeoise", jaloux d'apprendre qu'elle va retrouver son ami Christophe dans le chalet de ses parents à Val d'Isère ( sa tenue du même nom est une combinaison de ski). Mily écrivait: "Je m'entrainerai pour mon épreuve de conduite. Christian me prêtera sa Triumph rouge, s'il ne l'a pas encore démolie", et encore "Jacky, va quelquefois à Saint Pierre de Chartreuse.C'est un peu moins "dans le vent" que Val d'Isère, mais la neige y sûrement aussi belle." Apparemment Jacky ne pouvait supporter que Mily fréquente une autre poupée garçon..
Françoise Sagan, un ton, un style uniques
La "Nouvelle vague"
Lorsque Mily eut finalement 18 ans (le 10 avril 1964), elle plaisanta sur le fait que "Jacky pourra m'emmener voir des films qui m'étaient encore interdits hier soir. C'est drôle. Ai-je donc vieilli si vite?" Seule une poupée amoureuse pouvait rêver qu'une poupée garçon l'emmenât voir des films pour adultes. Jean-Luc Godard, François Truffaut et toute la Nouvelle vague étaient alors furieusement à la mode en France, et la jeunesse brûlait d'envie de découvrir ces films à la réputation sulfureuse. Brigitte Bardot venait de faire sensation une nouvelle fois avec Le Mépris de jean Luc Godard (1963), suivi en 1965 par Pierrot le fou avec le séduisant Jean Paul Belmondo et la magnifique Jean Seberg.
Jacky n'avait de toute évidence rien à craindre de Christian, en dépit de ces années précédant celles de "l'amour libre" et de toutes ces histoires d'adultères égrenées dans les romans et feuilletons. A la même époque, les poupées aux USA comme Tammy ou Barbie ne semblaient pas le moins du monde être concernées par ces bouleversements de société et une telle situation n'aurait pas même pu être évoquée. Mais comme Barbie et Tammy, Mily eut aussi sa robe de mariée en satin blanc avec tout le tralala, mais pour un vrai mariage, elle, avec son Jacky en smoking. Jusqu'en 1970, Jacky fut toujours très mode, avec ce style "macho" si typique de l'époque: il avait une ligne nommée Jacky 70, avec des pantalons pattes d'eph', des vestes à grands revers dans des tweeds plutôt tape-à-l'oeil, des chemises à grosses rayures en crêpe rose et cols pelle à tarte, et sans cravate! Imaginez donc! Il portait des foulards, des trench-coats, des uniformes de l'aéronavale et toute la garde-robe masculine de l'époque, incluant des blue jeans, des chemises imprimées, des tenues pour le bateau , le ski et les ports.